L’eau du robinet distribuée à la population est originellement captée dans des nappes souterraines ou des rivières. L’eau brute est traitée à l’aide de chlore afin d’en éliminer les bactéries et virus. Mais la réaction du chlore avec la matière organique naturelle (végétation, feuilles mortes, …) génère de nombreux produits chimiques appelés sous-produits de chloration, dont les trihalométhanes sont les plus fréquents. Ces composés sont soupçonnés d’être cancérogènes et reprotoxiques chez l’homme.
Comment est-on exposé aux sous-produits de la chloration de l’eau? En buvant l’eau du robinet, mais plus encore en prenant des douches et des bains, et en se baignant en piscine, car certains sous-produits pénètrent l’organisme par la peau et les poumons (inhalation de la vapeur d’eau).
Les niveaux de THM dans l’eau distribuée sont réglementés (taux inférieur à 80 µg/l) et surveillés par les Agences Régionales de Santé. Les prélèvements réglementaires réguliers dans les réseaux de distribution d’eau ont permis d’estimer la concentration en trihalométhanes de l’eau du robinet au domicile des femmes enceintes de PÉLAGIE. En moyenne, elle était de 41,6 µg/l et seulement 0,2% des mesures dépassaient le seuil réglementaire. En tenant compte de la quantité d’eau du robinet utilisée par chaque femme (boisson, douches, bains, baignades en piscine), nous avons estimé la quantité de trihalométhanes absorbée quotidiennement par son organisme: la charge moyenne était de 0,6 µg/jour.
Comme dans plusieurs études précédentes en Europe et aux Etats-Unis, nos résultats suggèrent que l’exposition pendant la grossesse aux sous-produits de la chloration de l’eau présents dans l’eau du robinet serait associée à un risque accru pour le bébé d’un retard de croissance intra-utérin (bébé de petit poids à la naissance par rapport au terme de la grossesse et à son sexe). Aucune association n’a par contre été mise en évidence avec le risque de prématurité.